15 décembre 2025

[FILM] L'épouse, l'amante et la secrétaire de Katsuhiko Fujii (1982)

Saison 1 - Episode 16 : la comédie pas drôle.

Dire que j’attendais de découvrir cette comédie signée Katsuhiko Fujii et éditée dans la collection Roman Porno par Wild Side (je vous renvoie d’ailleurs à mon article sur La Femme aux seins percés) relève du doux euphémisme. Remake assumé de la comédie américaine culte Comment se débarrasser de son patron (1980), portée à l’époque par Jane Fonda, Dolly Parton, Lily Tomlin et Dabney Coleman, L’Épouse, l’Amante et la Secrétaire semblait disposer de tout le matériau nécessaire pour offrir une relecture pinku aussi malicieuse que corrosive. 



Sur le papier, l’idée avait de quoi séduire : transposer une satire féministe et vaudevillesque dans l’univers très codifié du Roman Porno, avec ses fantasmes de bureau, ses jeux de pouvoir et ses archétypes sexuels. Mais quelle tristesse de constater que tout cela s’effondre très, très vite. À part la moustache grotesque du patron phallocrate, rien — ou presque — n’est réellement à sauver dans ce qui aurait pu devenir une petite pépite de comédie de mœurs érotique. L’image évoque davantage un téléfilm sans relief, le jeu des acteurs peine à convaincre, et les scènes érotiques, censées pimenter l’ensemble et se démarquer du modèle américain, tombent à plat. 

Fujii, pourtant habitué du genre — notamment dans des registres plus sadomasochistes et transgressifs — s’embourbe ici dans une comédie sans rythme ni mordant, allant même jusqu’à proposer deux séquences profondément problématiques, dont l’une flirtant avec le glauque : l’héroïne fournissant une prétendue lycéenne vierge à un businessman étranger afin de consolider un contrat commercial. Au-delà de l’image douteuse des gaijin qu’elle véhicule, cette scène n’a strictement aucune utilité narrative, pas plus que celle du viol de la secrétaire dans les toilettes de l’entreprise par trois techniciens, après qu’elle a déjà subi les assauts de son patron. Certes, ce type de situation n’est pas rare dans le Roman Porno, mais l’intégrer à une comédie censée faire rire achève surtout de briser une dynamique humoristique déjà bien fragile


Même le charme des trois protagonistes féminines ne parvient pas à sauver un film qui, malgré sa courte durée — 1 h 04 — paraît interminable. Reste alors le personnage masculin, pur stéréotype du mâle dominant nippon des années 80, qui devient presque malgré lui le seul élément vaguement comique tant il est méprisable. 



Vous l’aurez compris : grosse déception de mon côté. À moins d’être, comme moi, collectionneur et possesseur de l’intégralité de la collection Wild Side, il n’y a guère de raison valable de s’attarder sur L’Épouse, l’Amante et la Secrétaire. Autant revoir l’original américain, nettement plus drôle, plus malin et infiniment plus cohérent.



À la semaine prochaine pour ouvrir ensemble une nouvelle porte rose du Japon.