27 octobre 2025

[DOCUMENTAIRE] Japanorama Saison 1 épisode 3 (2002)

  Saison 1 - Episode 9 : God save Japan.



Au début des années 2000, la BBC confiait à Jonathan Ross le soin de présenter une série documentaire hors norme sur la culture japonaise: Japanorama. 

Entre fascination, humour et curiosité sincère, cette émission à la fois pop, audacieuse et complètement décalée proposait de parcourir le Japon à travers ses excentricités les plus assumées : les mangas, la mode, le cinéma, les jeux, les émissions télé absurdes et bien sûr… le sexe. Diffusé en 2002, l’épisode consacré à l’érotisme condense en vingt-huit minutes un véritable zapping culturel d’une époque où tout semblait encore possible, et où la télévision britannique osait explorer sans peur la dimension sensuelle du Japon.






Présenté avec ce flegme et cet humour typiquement britanniques, Jonathan Ross se glisse dans la peau d’un guide un peu voyeur, mais jamais vulgaire. Son ton oscille entre ironie bienveillante et émerveillement sincère devant un pays qui transforme le désir en spectacle et la provocation en art. L’épisode mélange extraits de films, images d’archives et interviews de réalisateurs, de performeurs ou d’artistes érotiques. Le rythme est rapide, le montage joue sur la surprise, les ruptures de ton et les transitions absurdes. C’est une pastille pop au sens pur du terme : colorée, rythmée, accessible et toujours consciente de son propre décalage.

Parmi les références citées, on retrouve des jalons incontournables de la culture érotique japonaise : L’Empire des sens et La véritable histoire de Sada Abe, deux œuvres inspirées du même fait divers tragique et passionnel, celui d’un amour consumé jusqu’à la mort. Ross y fait aussi allusion à des films plus contemporains comme Tokyo X Erotica ou Tokyo Decadence, qui abordent l’érotisme sous l’angle de la solitude urbaine, du fétichisme et de la domination consentie, mais aussi un film plus grand public comme De l'eau tiède sous un pont rouge. Le hentai et l’animation pornographique, quant à eux, ne sont pas oubliés. Ils sont évoqués avec un mélange de gêne amusée et de fascination, comme autant de signes d’une culture visuelle où tout peut devenir fantasme. Ross s’autorise aussi quelques incursions dans la télévision japonaise érotique et ses programmes nocturnes, là où l’absurde se mêle à la sensualité la plus assumée.










Regardé aujourd’hui, cet épisode de Japanorama n’a rien perdu de son charme. Il porte en lui cette liberté de ton qu’on ne retrouve plus guère dans les programmes actuels. Tout est abordé avec une légèreté qui n’exclut jamais la réflexion : le sexe n’est pas traité comme une provocation, mais comme une clé pour comprendre une société obsédée par l’image, le plaisir et la représentation. Derrière les rires et les jeux de mots de Jonathan Ross, on sent aussi une vraie admiration pour cette culture japonaise capable de conjuguer tradition et déviance, pudeur et exubérance. Ce regard à la fois extérieur et bienveillant fait tout le sel de Japanorama.

Vingt-trois ans plus tard, la série garde une saveur particulière. Sa réalisation nerveuse, son esthétique kitsch, ses couleurs saturées et son ton parfois naïf en font une archive précieuse de l’époque où la pop culture japonaise explosait à l’international. Avant que la NHK ne lance Cool Japan dans une version institutionnelle et policée du concept, Japanorama avait déjà tout dit, mais avec humour et irrévérence. C’était un temps où le bizarre faisait vendre, où le Japon excitait les imaginaires occidentaux, où l’on découvrait les “maids”, les “love hotels”, les films de Miike ou les émissions loufoques sans filtre ni commentaire moralisateur.











Revoir aujourd’hui cet épisode consacré au sexe, c’est redécouvrir un Japon tel qu’on ne le filme plus : cru, libre, inventif, oscillant entre fascination et malaise, entre beauté et démesure. Jonathan Ross y incarne le témoin amusé d’un monde où la frontière entre l’art et le désir est volontairement floue. Une émission comme Japanorama ne pourrait sans doute plus exister telle quelle aujourd’hui, et c’est précisément ce qui la rend si précieuse. Elle témoigne d’un moment de télévision où la curiosité l’emportait sur la prudence, où l’exploration culturelle passait aussi par l’humour et l’étonnement.




Un petit bijou pop, léger et culte, qui se revoit sans déplaisir et donne envie de plonger dans les autres épisodes — six pour la première saison, et deux saisons supplémentaires tout aussi réjouissantes — disponibles encore ici et là sur YouTube ou Internet Archive. Un regard d’époque, un ton unique, et une preuve que l’érotisme, au Japon comme ailleurs, peut aussi être une forme d’art populaire.



À la semaine prochaine pour ouvrir ensemble une nouvelle porte rose du Japon.


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